Les « bénitiers de chevet »

Le chœur de la cathédrale de Sens accueille jusqu’au 14 avril une exposition présentant une collection de « bénitiers de chevet ».

L’association des Amis de l’Abbé Jacques Poupon est fière de présenter, pour la première fois dans l’Yonne, une importante collection de « bénitiers de chevet » des XVIIIe, XIXe, et XXe siècles.

Que sont les bénitiers de chevet ?

Objets de culte domestique à une époque où la société était majoritairement religieuse et vivait au rythme de la messe et des fêtes liturgiques du calendrier, ces objets accompagnaient les familles catholiques dans leur prière. Ils représentent donc un témoignage d’une société qui a vécu et qui n’est plus. Au fil du temps, ces objets sont ou ont été détournés en objets de collection en raison de leurs qualités esthétiques.

La structure générale des bénitiers reste constante puisqu’ils sont composés de deux parties distinctes quelque soit leur taille :

  • une plaque murale plus ou moins décorée ou sculptée
  • une cuve au bas destinée à recevoir de l’eau bénite

Petite histoire des bénitiers domestiques

Placés le plus souvent sur le mur de la chambre à coucher au dessus d’une chaise prie-Dieu, ils étaient, initialement, conçus en bois ou en étain de manière artisanale. Au fil des années sont apparus des bénitiers en terre cuite vernissée. Ensuite les principales faïenceries régionales ont pris le relai en proposant des modèles de grande qualité ; on citera ainsi Paris, Nevers, Quimper, Gien, Auvillar, Sarreguemines, etc.

Le plus souvent, le bénitier était offert par les parents ou les grands-parents à l’occasion d’une cérémonie religieuse : baptême, communion solennelle, quelques fois un mariage. Pour les gens les plus modestes, cet objet était simple, peu ou pas décoré.

Pour les plus riches, il était possible de personnaliser cet objet de dévotion en faisant figurer le saint patron du récipiendaire ; on parle alors de bénitier patronimique.

La qualité d’un bénitier tient surtout dans la décoration de la plaque murale. Sur celle-ci on retrouve souvent une croix peinte ou en relief ou bien une figure de la Vierge seule ou portant l’Enfant-Jésus. On remarquera que certaines plaques sont décorées assez grossièrement ; cela résulte du fait que ce travail était souvent confié à de jeunes apprentis peu expérimentés car la fabrication de ces objets était marginale pour les grandes faïenceries.

Les collections de bénitiers de chevet en France

Pour les gens intéressés par les bénitiers, on peut admirer en France quelques belles collections appartenant à des musées régionaux :

  • A Vienne (38), une superbe collection d’une centaine de pièces du XVIIIe siècle de grande qualité est exposée et accessible à tous.
  • Le musée d’art régional d’Espalion (12) accueille plus de 300 bénitiers en ses murs.
  • Le château de Dieppe (76) présente, pour sa part, une collection d’ivoires remarquables dont quelques bénitiers finement sculptés.

Impossible de passer sous silence le nom de Henri Chaperon grand spécialiste des bénitiers de chevet à la fin du XIXe siècle qui a parcouru tous les musées de France et même d’Europe pour répertorier et classer ces objets. Il en a tiré un livre bien illustré qui fait autorité en la matière.

Pour terminer, une anecdote intéressante à propos de ces éléments religieux méconnus : après sa mort en 1966, la femme du célèbre pape du surréalisme André Breton vendit ses vastes collections à Drouot.

On apprit ainsi que le maître possédait une centaine de bénitiers qui étaient exposés dans la salle de bain de son petit appartement parisien. André Breton n’était pourtant pas réputé pour ses sentiments religieux…

Jean-Louis MAILLARD, responsable de l’exposition.

Pour en savoir plus :

Exposition de bénitiers — 4. Paroisses de Sens et Paron (catholique.fr)

Les dernières actus des États généraux